Le lâcher prise,
Je souhaiterai vous parler aujourd’hui d’une séance en communication animale qui s’est déroulée en direct avec une jument et sa cavalière dans un haras.
La problématique de fond révélée dans ce que la jument a exprimé en début de communication, c’est un comportement qui peut varier d’un extrême à l’autre. C’est-à-dire, autant elle peut se montrer posée, et là, la jument nous montre une jument à l’écoute, bienveillante et on a davantage l’impression d’être connectée à l’âme de cette jument tellement les vibrations sont sereines et posées.
Et d’un autre côté, la jument montre une attitude agacée et nerveuse. A ce moment là, la jument évoque des contraintes et le fait d’être « bousculée ».
La jument, inconstante dans son attitude au travail navigue entre ces états.
Une de ses gardiennes commence à marcher avec elle en licol dans la carrière, la jument suit parfaitement sa gardienne. Pour un œil non averti, on pourrait penser qu’elles sont connectées mais en fait, il n’en est rien, la jument suit comme « un automate ».
Chacune évolue dans sa bulle, dans son propre monde. La jument me montre l’état émotionnelle dans lequel se trouve sa gardienne, elle est tellement envahie par ses émotions qui la chamboulent qu’elle ne porte pas d’attention particulière à sa jument. Elle me fait tout ressentir dans mon corps et j’ai l’impression à un moment que je vais « exploser » de peur et d’angoisses.
Dans ce travail, j’ai pu observer deux êtres qui évoluent dans le même lieu, au même endroit mais qui n’ont aucune communication entre eux.
Un travail sur les émotions sera essentiel pour changer ce comportement et permettre à ces deux êtres de se réunir et de se porter une attention mutuelle.
Dans le travail monté, avec son autre gardienne, la jument se retient et n’avance pas. La cavalière est crispée, cela se voit sur la jument qui se contracte complètement sur la gauche. Elle me le fait ressentir dans ma bouche qui est tiraillée constamment par les contractions du muscle du bras de la cavalière. Je lui demande de se détendre, de respirer, de manière à ne pas se contracter et par conséquent, ne pas contracter sa jument. Je ressens que c’est compliqué.
Il me vient à l’esprit – on se demande qui me l’a soufflé J – de demander à la cavalière de fermer les yeux, de respirer et de laisser faire. Alors, le « miracle » se produit, à l’instant où la gardienne ferme les yeux, la jument se met à mâchouiller (signe de décontraction chez le cheval) et à avancer toute seule.
Il n’y a plus besoin d’action de jambes ou de stick, elle n’est plus « dirigée » dans une volonté de la contrôler à tout prix et la jument exprime qu’elle se sent libre dans ses mouvements. Et elle me montre qu’elle est cependant très à l’écoute de ce qui se passe sur son dos.
Nous avons assisté là, à un lâcher prise total qui a permis à cette jument de pouvoir s’exprimer dans ses allures car la volonté du cavalier, celui qui veut « soustraire » parce qu’on lui a dit qu’il fallait faire comme ça, n’a plus sa place ici et maintenant. Et pour autant, le cheval a gardé sa place, et a continué dans une allure rythmée et sans retenue.
Le cheval enseigne ainsi que l’on peut faire complètement différemment, et que nous ne sommes pas obligés d’assoir notre volonté pour lui demander quelque chose.
A la fin de la séance, la jument qui a, en principe, beaucoup de mal avec le travail sur l’extension d’encolure, a d’elle-même provoqué le mouvement d’extension d’encolure à plusieurs reprises.
Cette jument nous a enseigné que le lâcher prise est le plus cadeau que nous pouvons lui faire et que nous pouvons nous faire.